Story
Poussez ! Poussez !Le miracle de la vie. Une femme qui met au monde un enfant. Il n’y a rien de plus beau, n’est-ce pas ? C’est un soir d’automne, alors que les feuilles dehors étaient rouges et orangées, que le vent léger d’une brise de fin d’été venait les balayer dans les rues pavées. C’est ce jour-là, que je suis venue au monde, ce jour-là que ma vie a commencé. J’avais une grande sœur, Mary. Elle n’a qu’un an et demi de plus que moi, mais pour moi, c’est la meilleure chose qui me soit arrivée. Ho, en grandissant, elle m’a souvent piqué mes épingles à cheveux, et moi ses robes, et nous nous sommes chamaillées des centaines de fois à propos de tout et de rien. Cependant, peut être est-ce ça qui nous a tellement rapprochées ? Cette proximité d’âge, ce besoin de tout partager… Je l’aime de tout mon cœur, et je ne laisserai jamais rien nous séparer, même si parfois elle peut se montrer bien trop conventionnelle à mon sens.
Ce n’est pas la seule personne avec qui j’ai grandi. Il y a mon cousin, Henry, dont je n’ai jamais été proche, et qui se trouve être trop coincé, trop centré sur lui-même, sur ses centres d’intérêts tellement bateaux… Et moi, moi je préférais aller courir dans les champs, au lieu de rester bien sagement à apprendre mes leçons de danses. Nous ne nous sommes jamais entendus, et ce point de discorde a toujours été placé entre nous.
Lorsque j’avais cinq ans, ma mère a mis au monde ma dernière sœur, Elizabeth. Elle a immédiatement été un coup de cœur pour moi, et j’ai décidé à la seconde où j’ai croisé son regard de bébé fragile. Aujourd’hui encore, seule Elizabeth est mon point d’ancrage dans cette vie, et pour elle, je donnerai tout, toujours. Je serais prête à me damner avec application pour la sauver, et ce sans hésiter une seule seconde.
Aujourd’hui, ma langue bien pendue et mes manières bien trop masculines font de moi une demoiselle que les hommes ne courtisent que très peu. Je préfère largement ma liberté, et vivre comme si mon avenir n’avait aucune importance. Les hommes ne sont pour moi que des boulets à la patte, et ma liberté, ce besoin que j’ai de vivre par moi-même et surtout pour moi-même doit avoir le prix du célibat, prix que je paye avec plaisir.
Après le décès de mon cousin Frederick, nous avons espéré que la loi puisse changer, et que Mary puisse hériter du titre et de la fortune de notre père. Cependant… la société est ainsi faite que les femmes ne sont pour eux que des objets de parade, au bras d’un homme, de jolis joyaux un peu stupides, prêt à être mariés pour renouveler l’espèce humaine. Si Mary semble se faire à cette idée qu’il faut qu’il l’épouse pour que nous gardions notre train de vie, moi je refuse d’entendre raison. Comme je l’ai déjà dit, les hommes ne sont pas important pour moi. J’ai depuis longtemps décidé d’attendre le prince charmant, et non de me marier par devoir ou obligation. Au fond, tout au fond de moi, je crois que je suis prête à renoncer à ce titre, à tout ce luxe dans lequel j’ai grandis, plutôt que de devoir renoncer à cette conviction.